Wednesday, October 3, 2007

Samuel Ekpe Akpabot : Compositeur nigérian né le 3 octobre 1932

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[« Trois Danses Nigérianes » (8:34) ; Orchestre National Symphonique de la South African Broadcasting Corporation ; Direction : Richard Cock ; Marco Polo 8.223832 (1995)]

Héritage africain de la musique classique : AfriClassical.com

Daniel Marciano, Traducteur

Samuel Ekpe Akpabot est un compositeur africain, né à Uyo le 3 octobre 1932 dans l'état de Akwa Ibom au Nigéria. L'une des sources documentaires sur sa vie et sa carrière est Nigerian Art Music, un livre écrit par le Docteur Bode Omojola et publié dans 1995 par l'Institute of African Studies à Ibadan, University au Nigeria.
A l'âge de 11 ans, Akpabot arrive à Lagos pour ses études au King's College, une école à laquelle on se réfère souvent comme étant le
« Eton » du Nigéria et où l'on enseigne la musique européenne. C'ést toutefois essentiellement à l'Eglise que Samuel Akpabot découvre la musique européenne. Il fait partie du choeur à la Christ Cathedral Church à Lagos sous la direction de Phillips.

Pour illustrer le rôle de l'église pour initier Samuel aux chefs d'œuvre religieux européens, Omojola cite une conversation personnelle qu'il a eue avec Akpabot en janvier 1985 :
« Je les ai tous chantés avant d'aller en Angleterre et cela a représenté un avantage majeur pour moi. »

Parmi les œuvres qu'il a chantées à la chorale, on peut citer Le
Messie de Haendel et Elijah de Mendelssohn. L'auteur rapporte que Mendelssohn a été le compositeur préféré d'Akpabot bien longtemps après bien que son influence fût rarement évidente dans les compositions d'Akpabot.
Omojola ajoute :
Tout en étant choriste, il trouve aussi le temps de jouer dans les orchestres, le plus populaire étant connu sous le nom de
« Chocolate Dandies », formé et dirigé par Soji Lijadu. En 1949, quand Akpabot renonce à chanter, sa voix s'étant cassée, et il crée sa propre orchestree, « The Akpabot Players », appelé communément T.A.P.

Parallèlement, tout en dirigeant un orchestre, il joue de l'orgue à St. Saviour's Church à Lagos. Il joue durant deux services de suite après avoir souvent passé une grande partie de la nuit du samedi à jouer de la musique dans des boîtes de nuit.

Akpabot obtient une bourse d'études et peut ainsi aller en Angleterre en 1954 et s'instruire au Royal College of Music de Londres. Il y étudie l'orgue et la trompette. Parmi ses professeurs, on peut citer John Addison, Osborn Pisgow et Herbert Howells.

En 1959, Akpabot retourne au Nigéria et devient journaliste de radio à la Nigerian Broadcasting Corporation. Parallèlement, il écrit ses premières œuvres, influencées par la style « Highllife » de son pays, musique de danse mêlant des rythmes africains à des mélodies occidentales. Omojola ajoute :
Sa première composition,
Nigeriana, pour orchestre (1959) est écrite à l'origine comme un exercice de composition pour John Addison, son professeur.
Après des modifications mineures, elle sera renommée
Overture
for a Nigerian Ballet
. Conçu selon la tradition de l'ouverture d'un concert européen au XIXe siècle, cette pièce se caractérise par des citations littérales et allusives de mélodies « Highlife » réunies d'une manière rhapsodique.

Akpabot cesse de travailler pour la radio en 1962 afin de prendre un poste à Nsukka, la nouvelle faculté de musique de l'Université du Nigeria. Omojola souligne que l'ambiance y est favorable à la composition :
L'Université, fondée la même année que celle de l'accession du pays à l'indépendance, est généralement considérée comme un symbole du Nigéria moderne indépendant.

On considère que c'est l'une des fondations les plus importantes pour affirmer une tradition artistique susceptible de refléter les aspirations du pays. Entre 1962 et 1967, Akpabot compose quatre œuvres qui reflètent pleinement le climat euphorique nationaliste de l'époque. Ces œuvres sont les suivantes :
Scènes du Nigéria pour orchestre (1962) ; Trois Danses Nigérianes pour orchestre à cordes et percussions (1962) ; Ofala, un poème symphonique pour instruments à vents et cinq instruments africains (1963) ; et Les Lamentations de Cynthia, poème symphonique pour soliste, instruments à vents et six instruments africains (1965).

Les Lamentations de Cynthia est, selon Omojola, un poème symphonique dont il a révélé les sources d'une interview en janvier 1985 :

'Cynthia Avery a seize ans et c'est la fille du Vice-Président américain Blanc de l'American Symphony Orchestra d'instruments à vent de Pittsburgh chez qui j'ai vécu lors d'une visite en 1963 pour la première d'Ofala. Après la représentation, nous sommes allés au Conrad Hilton pour prendre une tasse de café avec M. Boudreau. Des serveurs particulièrement bornés évitèrent délibérément de nous servir. Mlle Avery et moi-même étions assis ensemble non loin des parents de la fille et de M. Boudreau, qui eux avaient été servis.
Cette attitude déprima tant Mlle Avery qu'elle s'emporta en se rendant au vestibule en sanglotant avant de dire : "Je ne sais pas ce qui arrive à mes compatriotes !"
Je décidais alors d'écrire un œuvre courte pour elle et lors ma commande suivante deux années plus tard, je composais
Les Lamentations de Cynthia.'

Un poème symphonique ultérieur a pour titre
Nigeria in Conflict, une composition de 1973 qui se rapporte à l'horrible guerre civile du pays. Omojola fait les remarques suivantes :
Akpabot est un compositeur nigérian qui a écrit presque entièrement pour l'orchestre. A la fin de la guerre civile en 1970, Akpabot obtient un poste de professeur-chercheur à l'Institut d'Etudes Africaines de l'Université d'Ife, appelé maintenant Obafemi Awolowo University, et les deux
œuvres qu'il a écrites là reflètent toujours cette touche nationaliste des œuvres d'avant-guerre. Ce sont
Two Nigerian Folk Tunes pour choeur et piano, (1974) et Jaja of Opobo, un opéra folklorique, chanté et parlé en efik, en anglais et en Ibo (1972).

Cette pièce Trois Danses Nigérianes (8:34) a été enregistrée par le National Symphony Orchestra of the South African Broadcasting Corporation sous la direction de Richard Cock, chef d'orchestre. Brett Pyper écrit dans ses notes de fin de page :
Plusieurs des compositions d'Akpabot mêlent des instruments africains et européens, tandi que d'autres comme,
Trois Danses Nigerianes, n'utilisent que des instruments africains (des cordes et des timbales dans ce cas).

Brett Pyper explique qu'Akpabot interrompt sa carrière académique au Nigeria pour entreprendre des études ethno-musicologiques aux Etats-Unis :
Il poursuit ses études à l'Université de Chicago et à Michigan State University où il obtient un doctorat. Ses publications dans ce domaine lui valent une réputation d'érudit dans le domaine de la musique indigène d'Afrique de l'Ouest.
A l'Universite de Chicago, il obtient un diplôme de maîtrise de musicologie. Sa thèse de doctorat à Michigan State University a pour titre
Musique Fonctionnelle du Peuple Ibibio du Nigéria.

Akpabot a aussi obtenu un poste de professeur associé de musique africaine à Michigan State University. Il continue d'écrire sur la musique nigériane et africaine en général. Il est retourné à l'Université d'Uyo dans les années 90 pour y enseigner la musique. Son livre
Foundation of Nigerian Traditional Music a été publié en 1986 par Spectrum Ibadan. Il a également écrit un livre intitulé Form, Function and Style in African Music, publié en 1998 par MacMillan Nigeria Ibadan.

En évaluant le style qui caractérise les compositions d'Akpabot, Omojola établit des comparaisons avec les œuvres de deux autres compositeurs nigérians, Fela Sowande (1905-1987) et Akin Euba (né en 1935). Omojola conclut en ces termes :

Si on le compare au style de Sowande, celui de Samuel Akpabot
est relativement homogène. Toutes ces œuvres sont typiques avec une approche récurrente de musique à laquelle des éléments de « Highlife Music » s'intègrent à des éléments de culture traditionnelle Ibibio et de tradition européenne. Rejetant souvent l'expressionnisme, même le style avant-gardiste de Euba et l'héritage européen du XIXe siècle de Sowande, la forte dépendance d'Akpabot à la traditions Highlife et Ibibio est symptomatique d'une vision personnelle du rôle que les compositeurs nigérians et africains modernes devraient jouer dans la société.

Samuel Ekpe Akpabot est mort le 7 août 2000 à Uyo, Nigéria. Il était un conférencier à l'institut des études culturelles à l'Université d'Uyo quand il est mort. Tout comme son compatriote nigérian Fela Sowande, ce fut un compositeur accompli qui, de son vivant, n'a pu faire enregistrer que quelques unes de ses œuvres.

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